Je m’appelle Lorie, j’ai vingt-neuf ans au moment où j’écris cet article. Je fais partie de l’équipe opérationnelle de Yojoa depuis mi-novembre 2021 en tant que responsable communication et j’ai été recrutée sans cv. Aurais-je eu le poste sur simple sélection de CV ? je ne pense pas (ma boss me l’a confirmé) ; je vous explique.
J’ai un parcours atypique. J’ai évolué tout au long du chemin en empruntant des détours, retours et autres tours — j’aurais pu dire sinueux. J’ai fait des études de photographie ; imaginez-moi à vingt et un ans, sortir de l’école et « devoir se lancer ». Pour se lancer, il faut de l’argent et il faut oser. Je me suis arrêtée à la première affirmation, ajouté à cela le stress de payer un loyer très jeune : il fallait travailler et vite. Et sans vous mentir, ne pas se confronter à cette deuxième affirmation qu’était la peur me seyait à merveille — j’éviterai donc de tergiverser dessus car ce sujet n’est plus pertinent à l’heure actuelle.
Vous vous demandez sûrement où je veux en venir — j’y arrive.
Travailler a donc toujours été une nécessité. Je me suis fait la main dans un salon de coiffure, j’ai senti la friture dans un restaurant de type combo-burger-frite rapide, j’ai développé mon instinct maternel en crèche, j’ai perdu plusieurs kilos en étant serveuse, j’ai fait travailler mes méninges en « gérant » un food-truck, pour finir par revenir à la friture dans un kebab éco-responsable.
Toujours pas de rapport à la communication me direz-vous et vous avez raison — quoique je n’ai pas précisé que je m’occupais de la communication pour ledit kebab. Mais j’en parlerai plus tard, pour l’heure : imaginez mon curriculum vitae à cet instant. C’est fait ? je vous parie que vous n’y voyez que peu de cohérence. Je ne vous blâmerai pas pour cela.
L’intérêt de mon parcours réside dans mes « activités extra-scolaires » comme j’aime le dire.
En parallèle de ces activités que je qualifie d’ordre alimentaire, j’ai évolué dans le monde associatif, principalement à travers un collectif pluridisciplinaire avec lequel nous avons organisé plusieurs évènements et festival. Au sein de celui-ci, j’étais principalement responsable de la communication visuelle puis de la communication, tout court — on y est !
Je me suis donc formée de manière informelle, en discutant avec des personnes possédant des diplômes, en observant le fonctionnement de diverses associations, en demandant de l’aide à un ami bienveillant gérant une agence de communication, en échangeant avec plusieurs acteuricexs culturellexs genevoisexs. Sur le tas quoi ! Sept années d’expériences donc, de discussions, de coordination, de travail d’équipe et de remise en question.
Imaginez mon cv à cet instant ; comment faire compte de tout cela sur une page ? J’y ai mis une section « emploi » et une section « engagement associatif ». Mais ces compétences que j’ai acquises durant ces sept années sont difficilement valorisées sur un petit bout de papier — d’où l’aubaine d’un recrutement sans CV !
Je me suis présentée à l’entretien, avec une petite boule au ventre — je dois l’avouer ; je craignais de ne pas être à la hauteur. Cette peur s’est dissipée dès que j’ai mis un pied dans le bureau. Nous avons eu un super échange et une vraie conversation pendant laquelle j’ai énormément parlé — vous l’imaginez bien ; leur expliquer mon parcours de vive voix m’a permis qu’on me voie moi.
Et vous savez quoi ? j’ai eu le job — mais ça, vous le saviez déjà !